Murs futurs

Simon Grainville, Emilee Seymour
Téléchargement (PDF)

Cette série de trois entretiens Murs Futurs vise à donner la parole aux artistes sur leur pratique et leurs influences culturelles et artistiques. L’angle choisi est celui de la science-fiction comme source d’inspiration au travers des différents médias qui la représentent. L’idée est de montrer la richesse et la multiplicité des échos faite à celle-ci au sein du graffiti ; mais également d’interroger des notions politiques, sociales et technologiques dans une optique à la fois prospective et artistique.

LEK & SOWAT

Travaillant en binôme depuis 2010, Lek et Sowat sont des figures de premier plan de la scène graffiti française. Formé en architecture, Lek fait partie des initiateurs de l’urbex graffiti consistant à créer des œuvres au sein d’espaces industriels abandonnés. De son côté, Sowat évolue au sein de la scène marseillaise, inspiré par le cholo writing latino-américain et sa graphie. De leur rencontre naissent de nombreux projets ayant en commun de repousser les frontières de l’art urbain. En 2010, ils organisent une « résidence artistique sauvage » au Mausolée, centre commercial de la banlieue parisienne, laissé à l’abandon. À partir de 2012, ce sont les entrailles du Palais de Tokyo qu’ils envahissent dans le cadre du Lasco Project. Enfin entre 2015 et 2016, Lek et Sowat deviennent les premiers graffeurs résidents à la Villa Médicis, affirmant ainsi la richesse et la rigueur de leur discipline artistique.

LA FLEUJ

Issu de la scène graffiti de Nevers, La Fleuj cultive depuis l’adolescence une fascination pour le dessin et les univers riches et violents du cinéma de genre. C’est au travers de la culture Hip Hop qu’il développe son intérêt pour le graff dès les années 1990. Un graffiti sur lequel il vient greffer ses propres références issues des revues Mad Movies dans lesquelles les exubérances des films d’horreur et de science-fiction tiennent un rôle majeur. Il s’inscrit dans la tendance du picto-graffiti des années 2000 (RCF1, André, etc.) dans laquelle les artistes délaissent le lettrage pour des éléments de figurations logotypés. Le travail de La Fleuj interroge le corps, la sexualité et ses tabous au travers d’œuvres mettant en scène la matière organique d’une façon indéterminée.

BABS

Autodidacte, Babs commence par tagger les rues de Vitry-sur-Seine et la banlieue sud en 1986. Il peint collectivement ses premiers murs dès le début des années 1990, initialement avec le crew 3 HC. Séduit par la forme plus transgressive du graffiti vandale, le graffeur peint ses premiers métros, trains et RER dans la capitale avec les DSP dès 1992, mais également avec les crews UV et TPK. Il réalise alors plusieurs centaines de graffitis sous une vingtaine de pseudonymes pendant plus d’une quinzaine d’années. En 2010, Babs revient aux murs et au travail à l’air libre, en compagnie de DEM189. Son travail porte essentiellement sur l’abstraction, le mouvement et l’énergie qu’il puise volontiers dans les avant-gardes du xxe siècle et la culture science-fictionnelle.

Le graffiti : « It’s the gift that keeps on giving », entretien avec Lek & Sowat mené par Sabrina Dubbeld et Simon Grainville Taguer, c’est être en représentation, présentation de Mosa et entretien mené par Cristobal Barria Bignotti et Sara Martinetti

Simon Grainville

Investi dans le champ de l’art urbain au travers de ses expériences associatives et professionnelles, Simon Grainville a étudié l’histoire de l’art au sein de la faculté de lettres Sorbonne Université. Après un master de recherche dont l’objet d’étude était la réappropriation des tableaux du xixe siècle dans le street art, il redirige son intérêt vers le graffiti et le post-graffiti en conservant une approche méthodologique où l’iconographie prime. Doctorant au sein du laboratoire HAR (Histoire des Arts et des Représentations) de l’Université Paris Nanterre, il étudie désormais sous la direction de Thierry Dufrêne. Ses recherches actuelles se concentrent sur l’articulation entre le graffiti français et la culture science-fictionnelle populaire.

Emilee Seymour

Emilee Seymour est une artiste multidisciplinaire dont les œuvres occupent des supports aussi bien traditionnels que numériques. Depuis l’obtention en 2003 de son diplôme de Photographie scientifique à l’Université RMIT de Melbourne, en Australie, elle a principalement travaillé avec nombre de groupes musicaux, pour lesquels elle a créé des pochettes d’album, des logos, des posters, des clips musicaux et de concerts, des illustrations, des décors de scène et dessiné des tenues. L’obtention, en juin 2015, d’un Master d’illustration et arts plastiques à l’École de Condé de Paris a élargi le champ de ses pratiques artistiques. Technicienne audiovisuelle de talent, elle travaille de manière régulière avec de nombreux partenaires issus des champs de la mode, de l’industrie, du cinéma, de la littérature et de la musique.